Alecto | Sierra

Monsters are real and they look like goddesses

Surnommée "l'implacable", Alecto s'en prenait à tous ceux qui avaient transgressé les lois suite un accès de colère incontrôlable, qui menait bien souvent à un meurtre. Particulièrement satisfaite d'infliger de telles souffrances aux impunis, Alecto était, comme ses soeurs, infatigable à l'idée de punir et de venger. Elle en désirait toujours plus, avide de voir du sang couler et de laisser exprimer la colère et la violence qui l'habitaient. Désignée comme impulsive, peu stratégique mais mortellement dangereuse, elle était non seulement redoutée des humains mais également des autres dieux de la nouvelle génération, qui ne les considéraient d'ailleurs pas comme de véritables divinités et les méprisaient sans retenue. Seulement, l'idée seule d'être crainte lui suffisait pour ne pas se soucier de ce que l'on pouvait penser d'elle et de ses soeurs. Elles tourmentent ceux qui font le mal en les poursuivant inlassablement jusqu'à les rendre fous. Au sens large, Alecto serait l'une des protectrices de l'ordre établi. Comme chaque criminel, Oreste a commis l'irréparable : afin de venger son père, il tua Égisthe et Cyltemnestre afin de réaliser la prophétie de l'oracle d'Apollon. Poursuivis sans relâche par les Erinyes, en proie à des crises de folies passagères, Oreste finit par arriver à Athènes, où l'assemblée des citoyens, réunie sur la colline de l’Aréopage, décide, sur les conseils d'Athéna, de l'absoudre du meurtre de sa mère. D'abord contre ce verdict rendu, les trois Erinyes finirent pas l'accepter, excepté Alecto qui restait persuadée qu'il s'agissait là d'une erreur, et que les trois Infernales se porteraient bien mieux sans l'aide d'Athéna. Ses deux soeurs semblaient tentées par la reconnaissance dont elles allaient enfin jouir, en devenant des divinités protectrices de la cité d'Athènes, sous le rôle de gardiennes de la justice. Furieuse de cette décision prise sans que son avis soit prit en compte, Alecto n'eut cependant pas d'autres choix que celui d'obéir.

Les Erinyes furent donc identifiées comme les Euménides (grec Εὐμενίδες /Eumenídes, « les Bienveillantes »), et obtinrent des autres dieux de la nouvelle génération un peu plus de considération. Seule Tisiphone semblait être satisfaite de leur nouveau statut, mais peu importait les demandes et les supplications de ses soeurs, la décision avait été prise et personne ne pouvait contrer le choix de la grande Athéna. Elles étaient faites pour faire régner la crainte de commettre des crimes, dans la peur de recevoir une punition divine. Elles existaient pour être redoutées à partir du moment où l'on les évoquait. Affiliées à Hadès et Persephone, célèbres souverains du monde sous-terrain, elles leur étaient tellement fidèles qu'elle devinrent, à elles trois, le célèbre Gardien des Enfers : Cerbère. Mais elles en étaient désormais réduites à protéger la loi, sans pour autant punir celles et ceux qui l'avaient transgressée. Les Erinyes, caractérisées par leur robe noire qui rappelaient les Ténèbres et la noirceur de leur âme, avaient finalement revêtu une armure en fer blanc, qui rappelaient la pureté et la paix. Leur dos n'abritaient plus ces ailes immenses et sombres qui leur promettaient vitesse et grandeur. Plus aucune larme de sang coulaient de leurs yeux, et plus aucun serpent ne se mêlaient à leur longue chevelure. Tout ce qu'elles avaient été, leur véritable identité, tout avait été balayé après quelques belles paroles d'Athéna, admirée des autres dieux et des mortels. Les Erinyes commencèrent à être oubliées et plus personne ne regardaient les Erinyes avec autant de terreur qu'autrefois. Seulement, personne n'oublie sa véritable nature, et il est difficile voire impossible de refouler éternellement ses désirs les plus profonds. Les Erinyes recommencèrent à punir les meurtriers, le plus discrètement possible. Mais leurs agissements finirent par être découverts, et les dieux décidèrent de les séparer et de les envoyer sur Terre afin de préserver le monde de leur terreur.